lundi 27 avril 2020

Doctorats


Des Dr., des PhD. et de tous les autres
Un docteur (du latin "docere", c'est-à-dire enseigner) est quelqu’un qui a préparé une thèse de doctorat et obtenu ainsi le diplôme universitaire le plus élevé.
Dans le langage parlé, « docteur » et « médecin » se confondent. Or, seuls les docteurs qui soignent les malades sont des médecins. On peut être docteur sans être médecin, alors que l’inverse n’est pas exact. Pour simplifier, disons que tous les médecins sont des docteurs, mais tous les docteurs ne sont pas des médecins.
Un médecin, au Maroc, doit être « titulaire du diplôme de docteur en médecine délivré par l'une des facultés de médecine marocaines ou d'un titre ou diplôme d'une faculté étrangère reconnu équivalent par l'administration qui en publie la liste ».
Dans de nombreux pays (Amérique latine, Europe centrale, pays arabes), le titre de docteur est très répandu.Dans les pays anglophones, le terme Ph.D. (ou PhD ou D.Phil), abréviations de Doctor of Philosophy, ne se réfère pas uniquement à la philosophie. Aux Etats-Unis, PhD se dit de tous les doctorats en dehors de la médecine (MD).
En Colombie, et dans d’autres pays, notamment au Moyen-Orient, le mot « docteur » est employé quotidiennement pour désigner avec respect n’importe quelle personne ayant un statut social élevé, ou simplement quelqu’un ayant un pouvoir ou une autorité quelconques. Par exemple, un employé de bureau à la municipalité. Cette inflation de « docteurs » fait que la gouaille populaire ironise à bon compte sur la « doctoritis ». Le Venezuela est un autre pays où il y a une prolifération de titres en tout genre, de licencié à docteur en passant par ingénieur. A tel point que les Vénézuéliens disent que dans leur pays « hay muchos doctores pero pocos señores - il y a beaucoup de docteurs mais peu de messieurs». Cependant, les hauts responsables de l’Etat ne sont ni des docteurs, ni des excellences, mais de simples « citoyens/citoyennes ». On parlera alors du « citoyen président », de la « citoyenne ministre ».   
Le magazine Nature indiquait, déjà en 2011 qu’il y avait une surproduction de docteurs dans le monde et une incapacité du marché du travail à les absorber tous. Si la Chine se place au premier rang, le Maroc aussi connaît le chômage des docteurs.
En France seuls les médecins peuvent faire précéder leur nom du titre de docteur. Les titulaires d'un autre doctorat doivent le mentionner à la suite de leur nom: Madame XX, docteur ès lettres, par exemple.
Au Maroc, on est un peu dans l’usage moyen-oriental et latino-américain : Il n’est pas rare de voir des titulaires de doctorat autre que de médecine arborer le titre de docteur. Sans vouloir rien diminuer à leurs compétences ni à la valeur de leur diplôme, il ne fait pas de doute que le titre peut induire en erreur. Surtout s’il est utilisé par des personnes qui sortent de leur domaine pour envahir le terrain médical et prescrire des remèdes ou des traitements.
L’article 4 de la loi n° 10-94 relative à l'exercice de la médecine énonce : « Nul ne peut accomplir aucun acte de la profession médicale s'il n'est inscrit à l'Ordre national des médecins ». Selon la même loi, il y a exercice illégal de la médecine lorsqu’une personne « établit un diagnostic ou un traitement de maladies ou d'affections chirurgicales, congénitales ou acquises, réelles ou supposées, ou pratique un acte professionnel sans être titulaire d'un diplôme donnant droit à l'inscription au tableau de l'Ordre des médecins ».  
Vous avez un doctorat en droit, en nutrition, en sciences de l’information ou en toute autre discipline, vous en êtes fier et vous voulez monter votre titre. C’est votre droit.
Mais, de grâce, si ce n’est pas trop vous demander, faites usage du « ès ». Vous couperez ainsi l’herbe sous les pieds à tous ceux qui maintiennent le flou artistique à des fins inavouables.