L'état de santé de "Brahim Ghali", le chef du polisario, "n'est pas préoccupant", selon un communiqué diffusé par SPS le 22 avril 2021. Le texte ajoute que "Ghali" "se trouve sous traitement et assistance sanitaire depuis plusieurs jours, suite à son infection par le Covid-19". Mais le communiqué ne précise pas le lieu où est soigné "Ghali". Et pour cause. L'information devait rester secrète, mais elle a fuité. C'est ainsi que l'on a appris que le chef du polisario a été hospitalisé à Logroño en Espagne, où il a été évacué en urgence dans un avion médicalisé algérien. Qu'il ait été contaminé par le virus Covid-19, comme le prétendent les auteurs du communiqué, ou qu'il souffre d'une maladie grave, on peut se demander pourquoi "Ghali" n'a pas été soigné en Algérie. Ce pays, nous dit-on, disposerait du meilleur système de santé en Afrique et l'un des meilleurs dans le monde. Passons.
dimanche 25 avril 2021
Ghali/"ben Batouche", un malade bien encombrant
Le plus étonnant est que "Ghali" a été évacué sous la fausse identité de "Mohamed Ben Batouche" (sic), un patronyme assez courant en Algérie.
Voilà donc un individu qui se prétend "président" d'une république, membre de l'Union africaine et qui veut adhérer à l'ONU, mais que ses sponsors sont incapables de soigner chez eux, ni à Tindouf, ni à Alger. On le fait voyager sous un faux nom avec un faux passeport, comme un malfaiteur. Pas très glorieux, tout ça. Ce sont là des pratiques mafieuses indignes d'un Etat qui se respecte. Mais la dignité et la crédibilité sont-elles une préoccupation majeure chez les génies qui ont conçu ce plan foireux et, pour tout dire, passablement sous-dév. ?
Quel haut responsable, quel diplomate, quel officier de renseignements, même affligés d’une intelligence moyenne, peut imaginer un seul instant que "Ghali", même affublé d'un nom d'emprunt, puisse passer inaperçu en Espagne, un pays où il a longtemps vécu et où sa photo orne régulièrement la une des journaux ?
Le comité restreint qui a pris la décision d'envoyer "Ghali" en Espagne a-t-il péché par maladresse et manque flagrant de clairvoyance ? Ou, au contraire, a-t-il agi sciemment pour se débarrasser du chef du polisario tout en créant une tension entre le Maroc et l'Espagne ? Pourquoi ne pas avoir envoyé "Ghali" ailleurs ? Ces stratèges ne pouvaient pas ignorer qu'ils envoyaient leur protégé directement dans la gueule du loup. "Ghali", rappelons-le, est poursuivi en Espagne pour "viol, torture, génocide et crimes de guerre". José de la Mata, un magistrat de l'Audience nationale, la cour pénale supérieure d'Espagne, l'a inculpé en 2016, avec d'autres responsables du polisario et trois officiers algériens.
On ne s'étonnera pas que la presse algérienne se fasse très discrète, voire muette, sur cet épisode.
Côté espagnol, il est surprenant que le gouvernement se soit laissé embarquer dans une telle magouille. La ministre des Affaires étrangères Arantxa González Laya s'est dépêchée, comme pour conjurer le sort, d'affirmer que l’hospitalisation en Espagne de "Ghali" "n’empêche ni ne perturbe en rien" les relations avec le Maroc. En était-elle si sûre ? Elle doit donner maintenant des explications au Maroc. Pourquoi recevoir "Ghali" en catimini et accepter de jouer le jeu du jihaz algérien ? Agir en cachette, c'est suggérer qu'on a des choses à se reprocher. Au minimum, une communication au Maroc aurait permis d'éviter ou d’atténuer l'incendie.
Au lieu de cela, cet agissement irresponsable et sournois n'a eu d'autre résultat que de braquer les autorités marocaines.
Et maintenant, le gouvernement espagnol se trouve avec une affaire "Ghali" sur les bras. Exactement comme le gouvernement britannique, en 1998, lorsqu'il a dû gérer l'affaire Pinochet. Tout avait commencé avec un mandat d'arrêt lancé par ... un magistrat espagnol, Baltasar Garzón, contre l'ancien président chilien Augusto Pinochet, qui se trouvait à Londres ... pour des soins médicaux. Le juge voulait entendre Pinochet sur la torture et la mort de citoyens espagnols durant la dictature chilienne. Pinochet restera retenu à Londres d'octobre 1998 à mars 2000, avant d'être libéré par les Anglais "pour raisons de santé". Similitudes frappantes entre les deux situations, qui, apparemment, ont échappé à Madrid.
L’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEDH) s'active pour obtenir l'arrestation de "Ghali".
Les perturbations qui s'annoncent n'augurent rien de bon, ni pour la cohésion au sein du gouvernement espagnol, ni dans les relations de l'Espagne avec ses deux voisins du sud.
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