mardi 14 novembre 2023

 Il n’y a rien à attendre de Pretoria

 

Nous avons déjà écrit ailleurs que parmi les 19 pays africains qui reconnaissent la « rasd », on peut considérer que 9 seulement constituent le « noyau dur » des partisans inconditionnels de la « république ».  Il s’agit des pays qui ont pris la parole en janvier 2017 à Addis-Abeba pour s’opposer au retour du Maroc à l’Union africaine : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibie, Ouganda,  Zimbabwe. Dans ce groupe, deux pays ne se contentent pas d’observer une position de principe, mais déploient un activisme démesuré qui traduit une mobilisation et un engagement militant visant l’intégrité territoriale du Maroc. Dans ce cadre, si l’Algérie se prévaut de son statut de voisin-observateur « inquiet » et invoque des préoccupations d’ordre sécuritaire, quelles sont les motivations de l’Afrique du Sud, dont nous séparent quelques 11.000 kilomètres ? 

La mésentente avec Pretoria, rappelons-le, a surgi en 2004, après l’annonce par le président sud-africain d’alors, Thabo M'Beki, de la mise à exécution de la décision de reconnaitre la « rasd ». Cette décision avait été prise du temps du président Nelson Mandela, mais avait été différée à la demande de feu Hassan II, qui avait fait valoir que la question était prise en charge par les Nations Unies et qu’une reconnaissance de la « rasd » aurait été contreproductive.

Depuis lors, les relations bilatérales n’ont cessé de se dégrader.

Tout récemment, la ministre sud-africaine des relations internationales et de la coopération, Naledi Pandor, s’en est violemment prise au Maroc dans une allocution improvisée prononcée à Johannesburg le 15 octobre 2023 devant des syndicalistes (!). Après avoir raconté comment elle s’était opposée à l’admission d’Israël comme pays observateur auprès de l’Union africaine, en 2021, Pandor s’est désolée du fait qu’elle n’avait réussi à s’assurer l’appui que de trois pays, y compris parmi ceux de la SADC. Trois pays « sur 54 », a-t-elle indiqué.

« Ce que j'ai découvert, a dit la ministre Pandor, c'est que les pays qui sont des oppresseurs et des occupants coloniaux, utilisent leur puissance financière pour accorder une aide aux pays africains et obtenir leur soutien dépolitisé. Parmi eux, Israël et le Maroc. Ils jouent un rôle très négatif en Afrique ».

Ainsi, comme l’Algérie, la ministre sud-africaine qualifie le Maroc de « pays colonial » et d’« oppresseur », au même titre qu’Israël. C’est une grave agression verbale, peu importe le lieu et le contexte dans lesquels les propos ont été tenus.

Ce n’est que la dernière manifestation d’une longue série d’actes et de propos sud-africains anti marocains (Voir Maroc-Afrique du sud, Une brouille tenace).

Par ailleurs, c’est Pretoria qui a été à l’origine de l’introduction de la question du Sahara dans l’ordre du jour des BRICS (Voir Brics, L’Afrique du sud Etat hostile).

En mars 2023, la mission permanente du Maroc auprès de l’ONU a dénoncé, dans deux lettres adressées respectivement au Secrétaire général de l’ONU et au président et membres du Conseil de Sécurité, la complicité de l’Afrique du Sud avec le polisario. La mission permanente de l’Afrique du Sud joue en effet le rôle de factotum de l’Algérie et de facteur du polisario dont elle se charge de diffuser à l’ONU des lettres qui dénigrent parfois l’action du Conseil de Sécurité.

Les actes de l’Afrique du sud, de par leur constance et leur caractère répétitif, trahissent une nette volonté de nuire au Maroc.

Etrangement, notre pays entretient ou a entretenu des relations diplomatiques au niveau d’ambassadeurs résidents avec trois parmi les neuf Etats africains faisant partie du « noyau dur » hostile au Maroc : Alger, Luanda, Pretoria. Avec l’Algérie, la situation a été tirée au clair depuis la rupture des relations diplomatiques.

En laissant de côté le cas spécial de l’Angola, reste Pretoria.

En 2019, pariant sur l’avenir et mû par le souci de maintenir avec les autorités de Pretoria un canal de dialogue, le Maroc a décidé d’élever le niveau de sa représentation diplomatique en Afrique du Sud au rang d’ambassadeur résident. Cependant, quatre ans après, force est de constater qu’aucun progrès n’a été accompli dans le cadre bilatéral. Les relations politiques sont inexistantes et les thèses marocaines n’ont pas trouvé d’écho auprès des décideurs sud-africains. Pire encore, le discours marocain reste inaudible auprès des médias et n’a pas réalisé de percée auprès de l’ANC.

L’Afrique du sud est devenue un auxiliaire de l’Algérie dans une œuvre malfaisante dirigée contre le Maroc et elle ne semble pas prête à changer d’attitude.

A ce stade, il n’y a rien à attendre du régime sud-africain. 

Dans ces conditions, si le « prisme » devait trouver une mise en œuvre concrète, c’est bien à l’égard de Pretoria et ce tant que sa diplomatie déploie avec autant d’acharnement son énergie contre les intérêts du Maroc.