dimanche 10 mars 2024

Pantalonnade à Alger

Commençons par énoncer quelques vérités premières : oui, le régime algérien veut déstabiliser le Maroc, il en a fait son objectif majeur et presque sa raison de vivre. Oui, ce même régime a tout fait et fera tout pour essayer de démembrer le Maroc et attenter à son unité nationale et à son intégrité territoriale. Oui encore, le régime d’Alger, sûr de lui et hégémonique, rêve de façonner le Maroc et ses institutions à l’image que lui inspirent ses rêves d’un autre âge. Oui enfin, la junte algérienne fera la sourde oreille et rejettera les appels marocains au calme et à l’apaisement.

Pour la réalisation de ses objectifs, le régime algérien ne reculera devant rien, n’épargnera ni peine ni argent, quitte à franchir des lignes rouges, à piétiner des principes et à violer des règles… et à se ridiculiser.

Le Maroc ne se laissera pas émouvoir par la pantalonnade pathétique qui a été récemment orchestrée à Alger par quelques hurluberlus manipulés par les services algériens. Une pâle copie de polisario, lui-même en carton-pâte… La question qui se pose est de savoir si le ou les généraux algériens qui sont à la manœuvre ont bien pesé les conséquences de leur geste. Peu importe qu’il s’agisse de l’initiative isolée d’un seul d’entre eux ou d’une action concertée et collectivement assumée. La démarche s’inscrit dans la continuité d’une politique systématique de soutien et d’encouragement au séparatisme dans un pays voisin, au mépris de toutes les chartes internationales. Or, l’Algérie prend des risques et joue avec le feu, tant il est vrai que « celui qui habite une maison en verre ne doit jeter de pierres à personne ». L’Algérie est bien plus menacée par les démons du séparatisme, aussi bien au nord qu’au sud. La revendication kabyle est bien plus sérieuse et plus enracinée que les élucubrations d’un groupuscule sorti de nulle part et dépourvu de toute crédibilité.

Une des réponses possibles du Maroc, la première option qui vient en réalité à l’esprit de la majorité des Marocains, serait, dans un acte de réciprocité, d’inviter les Kabyles à ouvrir un bureau à Rabat et de les « cornaquer » dans les forums internationaux. Si le Maroc s’y met, il saura y faire et la diplomatie algérienne sera à la peine. Œil pour œil, dent pour dent. Une telle mesure jetterait les généraux algériens dans l’effroi et le désarroi  et provoquerait un accès de fièvre et d’hystérie dans leurs médias. Souvenons-nous de la folie qui s’est emparée de la diplomatie et des médias algériens lorsqu’un ambassadeur marocain avait évoqué le droit à l’autodétermination de la Kabylie. Une phrase, une seule, avait suffi à déstabiliser le régime algérien, décidément bien fragile. On peut imaginer le « p… de plombs » que provoquerait une mesure de réciprocité marocaine, voire simplement une visite au Maroc du dirigeant du MAK Ferhat Mhenni.

Sachant parfaitement cela, le régime algérien a quand même osé.

En s’aventurant sur un terrain aussi glissant, ce régime militaire dictatorial a vraisemblablement estimé que le rapport risque/gain était favorable. Alger, on le sait, est partisan du jusqu’au-boutisme et du saut dans le vide. La logique incompréhensible de certains responsables algériens fait que, pour nuire au Maroc, ils n’hésitent pas à sacrifier les intérêts de leur pays, comme ils l’ont montré lors de la fermeture du GME .

Tout compte fait, appliquer la loi du talion serait tomber dans le piège que les dirigeants algériens veulent tendre au Maroc. Exaspérés au maximum par le succès des initiatives diplomatiques royales, notamment dans la région ; rendus furieux par le calme et la retenue de leurs voisins, qui ne répondent pas à leurs insultes mais, bien au contraire, leur tendent la main, les généraux algériens, déroutés, font ce qu’ils savent faire : une énième provocation dans l’espoir d’obtenir une réaction impulsive qui mettrait le Maroc dans le même sac qu’eux et le ferait descendre à leur niveau.

Pour le moment, c’est Alger qui a perpétré un nombre incroyable de méfaits à l’encontre du Maroc, dûment répertoriés, alors que le casier judiciaire de ce dernier reste immaculé. On peut parier qu’il le restera. Que les agitateurs s’agitent, que les provocateurs continuent à provoquer, le Maroc restera imperturbable.

Les Marocains, et plus particulièrement les enfants du Rif, sauront donner la réponse appropriée aux gesticulations sans lendemain d’un régime voyou.

vendredi 2 février 2024

Staffan de Mistura à Pretoria : Une visite qui intrigue

 Sahara marocain

Staffan de Mistura à Pretoria : Une visite qui intrigue

 

Un lointain prédécesseur de Staffan de Mistura, Christopher Ross, voulait engager « des consultations avec un groupe de représentants respectés du Maghreb sur la question du Sahara occidental. » L’actuel envoyé personnel, quant à lui, a préconisé d’élargir les consultations à d’autres pays. Il n’y a pas eu, ni alors, ni maintenant, le moindre résultat notable ni un impact quelconque de ces soi-disant consultations élargies sur le processus onusien.

Mais voilà que l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara se rend à Pretoria. Cette visite intrigue parce qu’elle n’entre dans aucune case diplomatique clairement identifiée.

Qu’est donc allé de Mistura faire à Pretoria ? 

La ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, qui l’a invité et reçu le 31 janvier 2024, a qualifié l’entretien d’«utile». Mais elle a aussi fait état d’« approches» et de «propositions» qui ont été présentées par de Mistura sur la question du Sahara marocain, précisant que Pretoria aura «besoin de temps» pour donner sa réponse.

Quelles «  approches» et quelles «propositions» a bien pu faire l’envoyé personnel et pourquoi les a-t-il faites précisément à un pays, l’Afrique du Sud, qui, vu du Maroc, est le dernier à devoir être sollicité sur la question. A quel titre Pretoria est-il mêlé ? L’Afrique du sud n’est pas une partie concernée ou intéressée et ne figure pas dans le groupe des pays amis du Sahara à l’ONU. Au contraire, ce pays reconnait la « rasd », affiche ouvertement son hostilité au Maroc et milite activement contre les intérêts du Royaume (https://refletsdiplomatiques.blogspot.com/2023/11/il-ny-rien-attendre-de-pretoria-normal.html).

On imagine mal que de Mistura se soit rendu à Pretoria sans avoir, au minimum, informé Rabat. L’absence de réaction officielle au Maroc peut être interprétée soit comme l’expression d’un embarras, soit comme une attitude de « wait and see ». A moins que la rencontre Pandor-de Mistura  ne soit qu’une partie visible d’un processus plus large dont Rabat est non seulement au courant, mais dans lequel la diplomatie marocaine est une partie prenante.

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré à propos de de Mistura : « Son mandat consiste également à parler à qui il pense devoir s'adresser, aux États membres et à d'autres, afin de faire avancer le processus ». Il a ajouté des propos sibyllins : « Bien sûr, certaines choses […] doivent être engagées dans une diplomatie discrète ».

Entre une ministre sud-africaine qui veut prendre son temps pour répondre aux propositions de l’ONU et Dujarric qui évoque la nécessité d’une « diplomatie discrète », tout donne à penser que de grandes manœuvres ont lieu dans les coulisses.

Il faut garder à l’esprit la double tournée qu’a effectuée dans la région un responsable au Département d’Etat américain. Joshua Harris s’est rendu à deux reprises à Rabat et à Alger, successivement en septembre et en décembre 2023. Rien, ou presque, n’avait filtré sur les entretiens de Harris dans les deux capitales (https://www.barlamane.com/fr/sahara-marocain-washington-simplique/=). Il n’est pas interdit de penser que la démarche de l’envoyé personnel et sa visite à Pretoria s’insèrent dans le sillage de la démarche américaine.

A ce stade, trois possibilités peuvent être envisagées :

  •        l’hypothèse d’une médiation sud-africaine est exclue dès lors que Pretoria est disqualifié par son soutien inconditionnel au polisario.
  •          Il est fort improbable, d’autre part, que  l’Afrique du sud soit mise à contribution pour convaincre le polisario, si tant est qu’il faille convaincre ce groupe de quoi que ce soit, cette tâche revenant légitimement et en toute logique au pays qui héberge et arme les milices.
  •         Seule alors reste envisageable l’hypothèse d’une démarche onusienne visant à obtenir de l’Afrique du sud une neutralité bienveillante ou, mieux encore, à s’assurer de son soutien à une solution politique.

Cela suppose que cette solution a été agréée par les parties directement concernées, y compris l’Algérie. Cela signifie, aussi, que Pretoria a réussi à s’immiscer dans le différend.

S’adresser à l’Afrique du sud, plutôt qu’à un autre Etat, ne se justifie que parce que ce pays est, après l’Algérie, le deuxième adversaire le plus acharné de l’intégrité territoriale du Maroc et le plus actif dans les enceintes internationales.

Cela étant, l’ONU n’est-elle pas en train de donner à l’Afrique du sud plus d’importance qu’elle n’en a réellement ? La diplomatie sud-africaine, certes, a montré qu’elle a une certaine capacité de nuisance mais la réalité a aussi montré les limites de l’activisme de Pretoria, qui n’a jamais réussi à mettre le Maroc en difficultés ni à New York, ni à Genève, ni à Addis-Abeba.

La sagesse commande, chaque fois que c’est possible, de neutraliser les contestations possibles, de rechercher le consensus et de ménager la susceptibilité de toutes les parties. C’est, apparemment, la méthode de de Mistura et grand bien lui fasse pour autant que les paramètres qui ont été fixés par le Conseil de sécurité soient scrupuleusement respectés.

La même sagesse commande aussi la plus grande méfiance vis-à-vis de l’entrée en lice d’un pays éminemment hostile, dont le Maroc ne peut attendre aucun cadeau.