Le 18 février dernier, la présidence du Nigeria a annoncé la création d’un nouveau groupe régional, appelé G4, comprenant l’Algérie, l’Ethiopie, le Nigeria et l’Afrique du Sud.
Ce groupe informel, selon ses initiateurs, a pour but de réfléchir à des solutions « pratiques et efficaces » aux défis qui se posent à l'Afrique.
Des organes de presse ont prêté à ce « quatuor » l’ambition de devenir une « superpuissance africaine ». C’est aller vite en besogne.
Quels liens entre les quatre pays ?
Ensemble, ils abritent plus d’un tiers de la population du continent, mais ils ne sont pas voisins. Si l’Algérie est nord-africaine et arabophone, l’Afrique du sud, l’Ethiopie et le Nigeria sont anglophones et appartiennent à trois zones différentes : respectivement l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest.
L’Algérie est le premier producteur de gaz d’Afrique, alors que le Nigeria est le premier producteur de pétrole du continent.
Les membres du G4 reconnaissent tous la soi-disant « rasd » mais leur degré d’hostilité au Maroc et à son intégrité territoriale est variable. En effet, rien ne peut égaler l’obsession et la mobilisation constante de l’Algérie dans ce dossier, suivie de l’Afrique du sud, à un moindre degré. L’Ethiopie et le Nigeria ne se signalent pas par un quelconque activisme dans ce cadre.
Les deux pays sont, en outre, engagés avec le Maroc dans des projets économiques d’envergure : usine de phosphates en Ethiopie et gazoduc Nigeria-Maroc-Europe. A ce sujet, on ne sait quel crédit accorder à l’annonce par les ministres algérien et nigérian du pétrole de la construction d’un gazoduc transsaharien, passant par l’Algérie vers l’Europe.
Il a été dit par ailleurs que les quatre pays étaient unis dans leur refus de l’octroi à Israël du statut d’observateur à l’Union africaine. Là non plus il n’y a pas convergence complète au sein du groupe et l’Algérie, dans sa croisade, fait figure de cavalier seul. Les trois autres pays abritent des ambassades israéliennes et entretiennent avec Tel Aviv de bonnes relations.
Certains ont affirmé que les membres du G4 « partagent le même point de vue sur de multiples questions concernant le continent ». « Multiples » ?
Il est précisé que les quatre pays sont contre les ingérences étrangères et partagent la même vision de la sécurité au Mali et en Libye.
Quel pays africain ne partage pas la même vision ?
On ignore pour l’instant qui des quatre pays a été l’initiateur du projet de création du G4. Si c’est l’Algérie, l’initiative est à suivre avec attention car, comme on le sait, le Maroc est toujours présent dans les stratégies algériennes. Pour Alger, tout ce qui peut nuire à son voisin est le bienvenu. Pour autant, peut-on dire que le G4 a été créé pour « contrer » le Maroc ou relancer « un noyau dur anti-marocain au sein de l’Union africaine »? Rien n’est moins sûr et ce serait prêter à l’Algérie une influence qu’elle n’a pas (plus). On remarquera, du reste, que la diplomatie marocaine, sereine, ne s’est pas exprimée sur le sujet. Le Maroc n’a fait état d’aucun « mécontentement », ce sont des médias qui en ont fait leurs titres.
Le G4, pour certains, aurait pour objectif de se positionner face « aux autres puissances africaines comme le Maroc et l’Egypte ». Si le Maroc n’a pas réagi, l’Egypte, en revanche, n’a pas caché sa mauvaise humeur, à la fois pour avoir été tenue à l’écart et à cause de l’alliance de l’Algérie avec l’Ethiopie, pays avec lequel Le Caire a un différend au sujet des eaux du Nil.
En définitive, si on s’en tient aux déclarations d’intention, le G4 s’attribue des missions et des attributions qui relèvent statutairement de l’Union africaine. L’Acte constitutif de l’organisation énonce en effet dans son préambule que les Etats membres sont : « Résolus à relever les défis multiformes auxquels sont confrontés notre continent et nos peuples, à la lumière des changements sociaux, économiques et politiques qui se produisent dans le monde ».
Telle qu’elle se présente, et en attendant de plus amples informations, la démarche des quatre pays apparait comme un facteur de division de l’union africaine. Elle constitue un retour au passé, lorsque l’Afrique était partagée entre le Groupe de Casablanca et le Groupe de Monrovia, avant la création de l’Organisation de l’unité africaine. Car, rien ne sera plus facile pour d’autre pays, demain, de créer un autre Groupe.
L’autre « Groupe des quatre » Il existe un autre « Groupe des Quatre », de création plus ancienne, formé par l'Allemagne, le Brésil, l'Inde et le Japon. Objectif : obtenir chacun un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.L’Afrique ayant été « oubliée », le G4, pour réparer la bévue, a proposé d’attribuer deux sièges permanents au continent noir. Malgré plusieurs réunions, aucune décision n’a pu être prise au sein de l’Union africaine pour départager l'Égypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud. Il faudra désormais compter avec le Maroc qui, depuis la reprise de son siège à l’organisation africaine, aura à cœur de faire entendre sa voix.
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