Au commencement, il y a eu l'opération de nettoyage qui a été rondement menée par les forces armées royales récemment à El Guergarate.
Pendant quatre ans, les miliciens du polisario ont perpétré des actes de racket contre les camionneurs marocains et étrangers dans ce poste frontière. Ils les ont rançonnés et n'ont pas hésité à les agresser physiquement et à vandaliser les véhicules. Ils ont franchi une ligne rouge lorsqu'ils ont prétendu bloquer complètement le passage, ce qui a poussé le Maroc à intervenir, non sans avoir auparavant laissé sa chance à la diplomatie, notamment celle des Nations unies.
Quel était le but de l'Algérie en 2016 lorsqu'elle a envoyé les soi-disant « manifestants civils » pénétrer dans la zone tampon au niveau du passage d'El Guergarate pour s'y livrer à des provocations contre le Maroc ? Était-ce pour entretenir un foyer de tension dans ce lieu, en essayant, comme d'habitude, de faire apparaître le Maroc comme un pays agresseur, qui viole le cessez-le-feu et ne respecte pas les accords qu'il a souscrits ? L’Algérie voulait-elle, après avoir vainement essayé tous les prétextes (droits de l’homme, exploitation des ressources naturelles), provoquer un spasme pour remettre aux devants de la scène une question qui peine à sortir d’une certaine léthargie ? La diplomatie algérienne a pu croire qu’elle pouvait avancer un pion en tablant sur une passivité marocaine. Si tel était l’objectif de l'Algérie, la méthode a été on ne peut plus maladroite et le calcul s'est révélé totalement erroné. Preuve en est que la réaction marocaine a été ferme et que la communauté internationale dans sa grande majorité l’a approuvée.
Comment l'Algérie a-t-elle pu croire une seconde que le blocage de la circulation civile et commerciale sur une voie routière internationale ne soulèverait pas une condamnation unanime ? Comment les stratèges algériens n'ont-ils pas prévu que pas un seul pays, à part le leur (et la Namibie !) n'approuverait et n'appuierait l'intervention marocaine ?
Depuis que ses miliciens ont été chassés du poste frontalier, le polisario ne sait plus où donner de la tête. Confronté au mécontentement de la population des camps dont le désespoir s’accroit devant le manque de perspectives, et pris à partie par des mouvements dissidents, comme « Sahraouis pour la paix », le groupe séparatiste est en proie au désarroi. Faute de mieux, il livre au Maroc une « guerre » imaginaire, à coups de communiqués militaires farfelus, multipliant les attaques et les victimes inexistantes, le tout destiné à la consommation interne. Le polisario semble aussi s’être spécialisé dans la diffusion des fausses nouvelles, grossièrement fabriquées au point d’être risibles. Mais le plus inquiétant serait que de plus en plus de jeunes, qui n’ont rien connu d’autre que les conditions rudes de la vie dans les camps de Tindouf, en désespoir de cause, rejoignent les anciens du polisario qui sont allés grossir les rangs des groupes terroristes qui opèrent dans la région sahélo-saharienne. Entre le banditisme et le terrorisme, le pas est souvent facile à franchir. Voilà une dérive à laquelle les pays de la région doivent prêter la plus grande attention.
Les dirigeants du polisario estiment que le cessez-le-feu a vécu. Ils ont dit et répété qu’ils s’en désengageaient. Pour autant, nous n’avons pas connaissance d’une communication officielle dans ce sens à la MINURSO, la partie avec laquelle le groupe séparatiste a signé l’accord de cessez-le-feu en 1991. Il n’est pas sûr non plus que le bureau de liaison à Tindouf ait été fermé, pas plus que les team-site installés à l’est du mur. Dès lors, ces déclarations sont sans valeur juridique. Du reste, le polisario peut difficilement se passer de la MINURSO, dont les activités et les rapports lui assurent une existence médiatique.
Face aux succès du Maroc et au soutien international qu’il a réussi à mobiliser, l'Algérie s’est trouvée bien seule, avec la Namibie, dans le mauvais camp. Alors qu’elle nous avait habitués à plus de savoir-faire, dans l’épisode d’El Guergarate, l’Algérie a été singulièrement mal inspirée. Pour tout dire, le pays traverse une mauvaise passe, dans un contexte interne plein d'incertitudes du fait de l'absence prolongée du président et des interrogations qu'elle suscite.
Avec un polisario pratiquement désactivé, réduit à « jouer à la guerre sur Playstation » (dixit Mustapha Salma), le gouvernement algérien a vu sa capacité de nuisance considérablement réduite.
L’Algérie perd la main, et le pouvoir ne l’ignore pas.
… et la MINURSO ? Si on pousse le raisonnement jusqu’au bout, l’avenir de la MINURSO est mis en question : sans référendum à organiser et sans cessez-le-feu à surveiller, cette mission n’a plus de raison d’être. Le Maroc a certes réaffirmé son « attachement au cessez-le-feu et au processus politique », mais il a également souligné qu’en se retirant du cessez-le-feu, le polisario « s’est disqualifié de toute participation au processus politique ». Or, il faut être deux pour observer - ou pas - le cessez-le-feu. Si le polisario met réellement ses menaces à exécution et reprend les hostilités (= si l’Algérie lui en donne le feu vert), le Maroc a prévenu : il se réserve « le droit de réagir avec la plus grande sévérité, et en légitime défense, contre toute menace à sa sécurité ». Le premier enjeu sera le contrôle de la zone qui se trouve à l’est du mur de défense. |
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(*) Le mot « Algérie » est utilisé par commodité de langage. Il va de soi que ce sont le gouvernement algérien, les autorités algériennes et, plus généralement, le pouvoir algérien qui sont visés.
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