Un diplomate étranger s’est récemment autorisé une ingérence dans les affaires intérieures du Maroc dans un tweet reprochant indirectement à notre pays sa non-participation à un vote aux Nations Unies. Il a ajouté sur le ton d’un activiste militant : « l’histoire va montrer que la justice vaincra » (!)
Même en faisant la part de la faible maitrise de la langue française, de tels propos sont inadmissibles et c’est ce que les internautes ont clairement et massivement fait comprendre à l’imprudent diplomate. « Vous devez vous taire, Ambassadeur, vous êtes un invité », a titré un site électronique (http://telexpresse.com/174812/).
Tant et si bien que le tweet a été rapidement effacé et son auteur « s’est excusé », non sans préciser que c'était « un malentendu ».
De telles dérives ne sont pas nouvelles parmi le corps diplomatique. Quelques-uns semblent oublier que leur mission première est de représenter (aussi dignement que possible) leur pays et d’œuvrer à développer ou améliorer les relations bilatérales. Pas de donner des leçons, ni de critiquer (en public) les décisions souveraines de l’Etat qui les accueille.
Il y a quelques années, dans un texte publié sur un réseau social, un diplomate en poste à Rabat avait cru devoir critiquer une décision de justice. Après explication et rappel à l’ordre, il s’était rétracté.
Plus récemment, une diplomate avait rendu compte d’un entretien avec un haut responsable marocain en prenant quelques libertés avec la vérité, causant un vif émoi et se mettant dans un grand embarras.
Dans les trois cas, comme dans d’autres, c’est une publication sur les réseaux sociaux qui a soulevé le tollé et le protagoniste a été un diplomate européen.
Le piège des réseaux sociaux
Jadis, avant Internet, lorsque la diplomatie était synonyme de discrétion, les diplomates faisaient des rapports plus ou moins secrets à leur gouvernement. Ils ne s’épanchaient pas dans les médias, ou rarement. Ils se contentaient, à l’occasion, d’exprimer leurs vues en comité restreint, - les cocktails et les dîners diplomatiques sont fait pour ça -, ou s’en tenaient sagement à la traditionnelle réserve diplomatique. Le bon diplomate n’est-il pas, selon Jean-Jacques Rousseau, « celui qui tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de se taire » ?
Aujourd’hui, les diplomates pullulent sur le Net. C’est l’ère de la diplomatie 2.0.
S’adapter à son temps, oui. Tirer profit des outils fantastiques que sont les réseaux sociaux, oui. Mais en faisant attention à ce qu’on écrit car publier, c’est s’exposer et prendre des risques, à moins de se limiter à un pur travail d’information, sans s’aventurer sur le terrain glissant du commentaire ou du jugement. Ce rôle peut être joué par le compte officiel de l’ambassade, sans qu’il soit besoin pour un diplomate en activité d’avoir un compte personnel ex officio sur les réseaux. De la sorte, il y aura moins de sorties de piste.