Sans surprise, comme les années précédentes, les débats de la « Com-mission des Questions politiques spéciales et de la décolonisation » (Quatrième commission) sur la « question du Sahara occidental » ont pris fin le 11 octobre 2023 par l’adoption sans vote d’une résolution qui sera prochainement entérinée par l’assemblée générale.
- Appui du processus de négociation lancé par la résolution 1754 (2007) et d’autres résolutions du Conseil de sécurité
- Eloge des efforts déployés par le Secrétaire général et son Envoyé personnel.
- Félicitation de l’engagement des parties.
- Invitation des parties à coopérer avec le Comité international de la Croix-Rouge et à s’acquitter de leurs obligations au regard du droit international humanitaire.
Auparavant, de nombreux pétitionnaires se sont exprimés (Un pétitionnaire est une personne qui, agissant en son nom propre ou en représentation d’une organisation, a été autorisée à faire une communication devant la Quatrième commission). Dans les rangs marocains, la performance de nos compatriotes originaires des provinces du sud a été dans l’ensemble remarquable, avec une mention spéciale à l’élément féminin, en particulier les députées Hayat Laariche (USFP) et Leila Dahi (RNI). On ne s’exprime jamais mieux que dans sa langue maternelle ou, à défaut, dans la langue que l’on maitrise le plus.
Au cours du débat, les représentants des quelques pays qui reconnaissent la « rasd » ont été modérés dans leurs propos. Il s’agit de Cuba, de la Bolivie, de l’Angola, du Mexique, de l’Iran, de l’Éthiopie, du Botswana.
Les délégués de Timor-Leste, de l’Afrique du sud, du Nicaragua, de la Namibie, du Mozambique, du Lesotho, du Zimbabwe ont évoqué d’une manière ou d’une autre le référendum.
Aucun Etat membre permanent du conseil de sécurité ne s’est exprimé sur la question, pas plus que des pays qui appuient généralement l’autre camp, comme Guyana, la Colombie, l’Ouganda, l’Uruguay, le Ghana.
La séance ne s’est animée que lorsque le moment tant attendu, le « clou du spectacle » est arrivé. Comme chaque année, la passe d’armes entre le représentant permanent du Maroc et celui de l’Algérie a secoué la torpeur dans une salle où les discours atones et monotones se suivent et se ressemblent. Pourquoi est-ce toujours avec l’Algérie et aucun autre Etat que le représentant permanent marocain doit croiser le fer, voilà une question à laquelle l’Algérie refuse de répondre. C’est le représentant de ce pays, Amar Bendjama, qui a ouvert le feu en instruisant à charge. Lui répondant, l’ambassadeur marocain a fait justice de ce qu’il a appelé les « sept mensonges fondateurs » de l’action pernicieuse de l’Algérie, à commencer par la soi-disant « défense » du droit à l’autodétermination, qui n’est qu’un paravent masquant les visées hégémoniques du régime militaire algérien. Pour preuve, Alger n’a jamais fait preuve d’autant d’activisme sur les autres questions portées devant la Quatrième Commission.
A noter l’intervention du délégué des États-Unis, qui a annoncé son intention de voter contre cinq projets de résolution et demandé un vote enregistré. « La délégation américaine est fière d’appuyer le droit à l’autodétermination des peuples, a affirmé le représentant américain, mais ces résolutions accordent trop d’importance à l’indépendance comme seule option pour les territoires non autonomes, aux dépens du principe de libre association ».
La représentante de l’Espagne, parlant au nom de l’Union européenne, a souligné la nécessité d’enregistrer les personnes qui vivent dans les camps près de Tindouf, en Algérie. Ce passage, pourtant de grande importance, a été omis dans la version en français du compte-rendu de la réunion qui a été publiée sur le site de l’ONU par son département de presse.
Après l’adoption du projet de résolution, le représentant de l’Algérie a demandé la parole pour se livrer à une attaque en règle contre le Maroc sur des questions sans lien avec l’affaire en débat. Dans une attitude trahissant un grand désarroi, l’ambassadeur algérien, sans arguments, n’a rien trouvé de mieux que d’évoquer le cannabis et Pegasus, dans une vaine tentative de mettre en cause le Maroc, avec un cynisme et une perfidie affligeants. Cette sortie de route est intervenue au lendemain de l’intervention tonitruante et vulgaire de l’adjoint de l’ambassadeur algérien, qui, tout en appelant à la bienséance, a tenu des propos inconvenants en comparant son collègue marocain à un « percussionniste » s’exhibant à Jamaa el Fna (!). L’attaque ad hominem et l’invective grossière semblent être devenues une spécialité de la diplomatie algérienne.
Recentrant le débat, l’ambassadeur du Maroc a mis au défi l’Algérie d’enregistrer la population des camps de Tindouf. Il a souligné la responsabilité de l’Algérie dans la poursuite de ce conflit artificiel, bien qu’elle s’obstine à se présenter comme un observateur. Un observateur particulièrement actif, que le secrétaire général des Nations unies qualifie dans son dernier rapport (S/2023/729) de « très préoccupé ». Voilà maintenant que l’Algérie est un « observateur préoccupé » ! La liste des divers statuts de l’Algérie s’allonge et les déclinaisons se multiplient. Une Algérie qui se dit « préoccupée », c’est le pyromane qui crie au feu. En d’autres mots, Alger arme et abrite la milice du polisario, pour ensuite se « préoccuper ». S’il y a un vrai observateur dans cette querelle qui peut, à raison, se dire inquiet, c’est la Mauritanie et aucun autre pays. Depuis bientôt 50 ans, l’Algérie sème la zizanie dans sa région sans que personne n’y trouve rien à redire. Elle arrive, grâce au soutien de ses amis au conseil de sécurité, à se faire passer pour ce qu’elle n’est pas. Dans son dernier rapport, António Guterres continue à tourner autour du pot. Usant de périphrases, il écrit « la détérioration des relations entre l’Algérie et le Maroc reste préoccupante. Je regrette que l’occasion n’ait pas encore pu être saisie d’aplanir les divergences entre les deux pays et je les encourage à renouer le dialogue pour rétablir la concorde et à renouveler les efforts visant la coopération régionale, y compris en vue d’établir un environnement propice à la paix et à la sécurité. » Un long passage pour dire que l’Algérie est la source de tous les maux du Grand Maghreb, car les « divergences » dont parle le secrétaire général ne peuvent être que celles qui portent sur le Sahara marocain. « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde », a écrit Albert Camus.
La frilosité onusienne, à la longue, s’avère dangereusement contreproductive.
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