mardi 3 septembre 2019

Les origines lointaines du protectorat français sur le Maroc


La faute à Voltaire ?

Le 30 mars 1912 était signé à Fès le traité instaurant un protectorat de la France sur le Maroc. C’était l’aboutissement d’une évolution qui avait été jalonnée par une série d’événements marquants, notamment la bataille d’Isly (1845), la guerre de Tétouan (1860), la Conférence de Madrid (1880) et la Conférence d’Algésiras (1905). La bataille d’Isly est généralement considérée comme ayant marqué un tournant dans l’histoire du Maroc. La débâcle marocaine devant les troupes françaises portait en elle les prémisses des épreuves qui allaient se multiplier dans un « empire » en décomposition, s’acheminant inexorablement vers la perte de son indépendance.
Quelles ont été les origines du conflit entre le Maroc et la France ? Pour rechercher la réponse à cette question, il faut remonter le cours de l’histoire et dénouer un écheveau dont les fils mènent parfois vers des directions insoupçonnées.
L’histoire commence à Paris, se poursuit à Alger, surgit dans le Tadla et bascule, avant de se conclure à Fès.
C’est l’histoire de deux événements lourds de conséquences. La Révolution française, d’une part, la proclamation d’un sultan au Maroc, d’autre part, deux événements a priori sans relation directe et d’inégale importance, qui ont eu lieu à un peu plus d’un siècle  d’intervalle dans deux pays différents.
Et pourtant, le renversement de la monarchie en France, en 1789, et la proclamation de Moulay Abdelaziz en 1894, ont tous deux changé le cours de l’histoire du Maroc.
1789, le peuple français se révolte, la monarchie absolue est abolie. Les monarchies européennes réagissent et attaquent la France révolutionnaire pour rétablir la royauté. En 1798, la France, à court de céréales, doit nourrir son peuple et son armée. Le Directoire commande du blé à Alger auprès de deux négociants juifs, Bacri et Busnach (Bouchnak ?). Apparemment, une grande partie du blé appartenait à Hussein Pacha, dey d’Alger, qui consentit au gouvernement français un prêt pour financer cet achat (selon une autre version, le prêt fut accordé par les négociants eux-mêmes, qui demandèrent cependant une garantie du dey. Une troisième version indique que le dey n’était pas impliqué dans cette opération, mais que les marchands avaient des dettes envers lui).
De l’expédition punitive à la conquête
En 1827, après trente et un ans, la France n’avait toujours pas honoré ses engagements malgré plusieurs démarches du dey et des marchands.  Le 30 avril, Hussein Pacha reçoit en audience le consul français Pierre Deval et lui réclame des explications au sujet de la dette impayée de la France. Il proteste par la même occasion contre la fortification d’un lieu sur la côte, appelé Calle, à l’est de la Régence, que la France avait obtenu en concession pour l’établissement d'un entrepôt commercial et que Deval avait promis de ne pas fortifier (C’est le propre neveu de Deval, consul à Bône, qui aurait fortifié les entrepôts français à Bône et La Calle, en violation des accords antérieurs). Devant la réponse « insolente » (« hautaine ») du consul, le dey, agacé, lui assène « trois petits coups » à l’aide d’un chasse-mouches. Selon un autre récit, Hussein frappe « du manche de son chasse-mouches » l’épaule du consul. Ce dernier aurait démesurément gonflé l’incident. En tout cas, les historiens réfutent en majorité la réalité d’un « soufflet » ou d’un « coup d’éventail ».
L’affaire du « coup de l'éventail » fut montée en épingle en France. Sous prétexte de réparer « l'offense » faite au consul, les relations diplomatiques entre Paris et Alger furent rompues et un ultimatum fut adressé au dey. La France exigeait, notamment, des excuses à son consul.
Hussein Dey s’y étant refusé, un blocus maritime fut imposé à la Régence.
Trois ans plus tard, le 14 juin 1830, une « expédition punitive » fut décidée. Un corps expéditionnaire commandé par le général Louis de Bourmont débarqua à Sidi Fredj (Sidi Ferruch) près d’Alger, en vue de « restaurer le prestige » de la France. Après de durs combats, le dey capitula le 5 juillet 1830.
L’expédition punitive devint une guerre de conquête, qui mit fin à plus de trois siècles de domination turque.
A partir de 1830, le Maroc eut comme voisin à l’est un pays européen, une « puissance chrétienne ». Ce voisinage allait être la source de conflits permanents.

La frontière de tous les dangers

Les Français, tout au moins au début, n’avaient pas de visées sur le Maroc et leur seule préoccupation était de maintenir l’ordre à la frontière. Napoléon III estimait en effet que le Maroc devait appartenir à l'Espagne. C’est pourquoi la politique française au Maroc demeura « singulièrement inactive ».
La conquête du pays voisin par la France provoqua stupeur, tristesse et colère au Maroc. Les Algériens qui fuyaient leur pays furent bien accueillis et s’installèrent dans plusieurs villes. Des appels au jihad contre les envahisseurs chrétiens furent lancés dans les mosquées. Le sultan Moulay Abderrahmane ben Hicham (1778-1859), pris en étau entre, d’un côté, le sentiment populaire qui le pressait de lever l’étendard de la guerre sainte et, de l’autre, la faiblesse militaire du Maroc, restait prudent. Au gouvernement français qui avait dit ne nourrir aucune intention hostile à l’égard du Maroc, le sultan répondait par l’affirmation d’une stricte neutralité et l’engagement de « reconnaître  les droits exclusifs de la France sur toutes les provinces de l’ancienne régence d’Alger ». Au roi Louis-Philipe, Moulay Abderrahmane avait auparavant écrit qu’il renonçait « à toute prétention sur quelque partie que ce fût du territoire algérien ».
La résistance contre l’occupant ne tarda pas à s’organiser dans la régence. L’Emir Abdelkader ben Mahiedine, dont le père était le moqadem de la confrérie Kadiria, prit la direction du jihad. Au Maroc, il pouvait compter sur l’appui de ses nombreux partisans et s’approvisionner en vivres et en armes fournies par le Makhzen qui, toujours en proie au même dilemme, ne souhaitait pas s’engager directement aux côtés de l’émir mais ne lui ménageait pas son aide. La résistance algérienne ne tint pas longtemps face à l’armée française. Celle-ci s’empara de Tlemcen en février 1842 et écrasa la smala d’Abdelkader en 1843.  
Traqué, l’émir s’établit près de la frontière, qu’il franchissait pour trouver refuge au Maroc. Pour Paris, l’aide et les facilités qui étaient accordées à leur ennemi étaient des actes hostiles. Pour les Marocains, il s’agissait d’accomplir le devoir de solidarité auquel tout musulman est tenu pour venir en aide à un autre musulman en lutte contre les mécréants. Moulay Abderrahmane ne pouvait que louvoyer, pendant que les incidents se multipliaient. La confrontation entre le Maroc et l’envahisseur européen devenait inéluctable, démentant la vieille croyance selon laquelle le danger, pour le Maroc, ne pouvait venir que de la mer.
En juillet 1844, le gouvernement français prit l’initiative de la rupture des relations diplomatiques et retira son consul général. Il exigea l’expulsion d’Abdelkader du Maroc, l’éloignement des troupes marocaines de la frontière, la punition des auteurs des attaques contre l’armée française et la délimitation de la frontière selon le tracé existant du temps des Turcs. Le sultan donna l’ordre d’agir pour éloigner Abdelkader, mais discrètement pour ne pas mécontenter les tribus. Il autorisa son fils Sidi Mohammed à faire mouvement vers la frontière tout en recommandant au prince de ne lancer ses troupes contre l’ennemi que si ce dernier commençait les hostilités. Moulay Abderrahmane lança un appel au jihad, sans toutefois se faire d’illusions sur le rapport des forces. Apparemment mal informé, le sultan croyait que l’armée française avait mobilisé 90000 hommes.
La bataille d’Isly
La réponse du Makhzen à l’ultimatum français fut jugée inacceptable par le fils du roi Louis-Philippe, le prince de Joinville, dont l’escadre se tenait prête à intervenir. Les bâtiments français bombardèrent Tanger le 6 août 1844 puis Mogador le 15 du même mois. Entretemps, le destin du Maroc s’était joué la veille près de la rivière Isly.  
Ce jour-là l’armée du maréchal Bugeaud, composée de 8500 fantassins et 1400 cavaliers, mit en déroute les troupes marocaines fortes de 31.000 hommes. La nouvelle de la défaite provoqua chez les Marocains consternation et abattement. Le mythe de l’invincibilité de l’armée marocaine volait en éclats, pulvérisé par une armée inférieure en nombre.
La France contraignit le Maroc à signer une convention, le 18 mars 1845, fixant le tracé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, qui ne suivait plus l’Oued Tafna, la frontière naturelle. Le Maroc renonçait à ses droits sur Maghnia et sa région.
Les relations se détériorèrent rapidement entre le Makhzen et Abdelkader, qui devint une menace pour le sultan. Malgré sa réticence à s’en prendre à l’émir algérien, de crainte de s’aliéner les tribus qui voyaient en Abdelkader un héros de l’islam, Moulay Abderrahmane fut poussé à agir. Le résistant algérien ne fut plus considéré comme un musulman qu’il fallait aider, mais un « fācid » qui, sous couvert de guerre sainte, semait la zizanie. Les tribus se plaignirent des exactions d’Abdelkader qui les razziait pour se procurer des vivres. En 1846, le sultan chargea une harka commandée par son fils de mettre fin aux agissements du « rebelle ». Défait après un combat acharné, Abdelkader battit en retraite en Algérie. Le 23 décembre 1847, il se rendit aux Français.
La victoire du maréchal Bugeaud aiguisa les appétits des milieux colonialistes français, qui placèrent le Maroc dans leur ligne de mire.
Et si le Maroc avait remporté la bataille d’Isly ? La suite des événements en aurait été bouleversée : entre autres conséquences, il y aurait certainement eu un soulèvement général en Algérie qui aurait mis fin prématurément à l’occupation française et il n’y aurait pas eu de protectorat français au Maroc. Mais « la bataille des Trois Rois » était loin et le miracle n’eut pas lieu. La présence française en Algérie demeura une source de tensions et de litiges sur la frontière. Les amputations de territoires dont le Maroc fut victime créèrent des situations dont les séquelles perdurent encore en ce début de XXIème siècle.
Après avoir conquis l’Algérie sans, semble-t-il, vraiment le vouloir, les Français allaient peu à peu asseoir leur domination sur le Maroc. Un événement inattendu allait leur faciliter la tâche : l’avènement de Moulay Abdelaziz.
Un sultan impréparé
Au printemps de 1894, Moulay el Hassan à la tête du Makhzen et de son armée quitte Marrakech pour se rendre à Fès. Auparavant, il avait retiré le khalifat à son fils aîné, Moulay M’hammed, et nommé à sa place son plus jeune fils, Moulay Abdelaziz, alors âgé de quinze ans seulement et qui n’avait pas été  préparé à l’exercice du pouvoir.
On ignore si le sultan a cédé aux demandes pressantes de sa favorite, Lalla Rquia, qui « rêvait d’un grand avenir pour son fils », ou s’il a pris ombrage de la montée en puissance de Moulay M’hammed. En donnant à Abdelaziz le titre de Khalifa, il a fait de lui son successeur présomptif. Lui-même avait succédé à son père, Sidi Mohamed ben Abderrahmane, alors qu’il n’était pas l’aîné. Dans le Tadla, l’état de santé du sultan se dégrada, malgré un long repos à Dar Oulad Zidouh. Il décéda le 9 juin 1894.
Aussitôt, le chambellan Ahmed ben Moussa (Ba Ahmed) et le caïd du Mechouar convoquèrent les vizirs et leur annoncèrent le décès de Moulay Hassan. Ils proclamèrent comme nouveau sultan Moulay Abdelaziz. Seuls le Grand vizir El Haj el Mâati Jamai et son frère Sidi Mohammed  ben el Arbi, ministre de la Guerre, ne dirent mot. Les deux frères ne cachèrent pas leur soutien au prince Moulay M’hammed, vraisemblablement plus par crainte d’être révoqués et dépossédés de leurs biens par leur grand rival, Ba Ahmed, que par pur esprit légaliste. Un document préservant les intérêts des frères Jamai fut finalement rédigé et signé à contrecœur par Ba Ahmed. Il fallait en effet repartir au plus vite et, surtout, taire la mort du sultan pour ne pas être la proie des tribus insoumises.
À Rabat, où la colonne arrive le 13 juin, le nouveau sultan, Abdelaziz, est acclamé.
Plus tard, débarrassé des frères Jamai qu’il a fait jeter dans un cul-de-basse-fosse, Ba Ahmed devient Grand vizir. Le jeune sultan, insouciant et inexpérimenté, ignorant tout des arcanes du pouvoir, laisse à son Grand vizir le soin de diriger le pays. Entre deux cérémonies, il court s’amuser. Il joue au billard ou au tennis, monte à bicyclette, photographie et se laisse photographier, s’habille à l’européenne. La population voit ces comportements d’un mauvais œil, les langues se délient.
 Lalla Rquia
En 1878 le sultan Moulay el Hassan fit l’acquisition de quatre « belles Circassiennes ». Au palais, elles reçurent les noms de Rquia, Mina, Aïcha, Nour Ech Chems. Rquia se distingua par ses qualités et ses talents. Elle donna naissance à Abdelaziz, le plus choyé des fils de Moulay el Hassan. Rquia devint Lalla Rquia, favorite du sultan.
À la mort de Ba Ahmed en 1900, le Maroc entra dans une période de troubles. A la même époque, l’armée française occupait le Touat. Le vent de fronde qui soufflait au Maroc et l’anarchie qui en résulta favorisèrent l’insécurité, dont plusieurs étrangers furent les victimes. Alors que, dans la région de Tanger, Raïssouni narguait le sultan, à l’est, Jilali Zerhouni, dit Bou-hmara, entrait en rébellion et se posait en prétendant au trône face à un sultan dont les comportements et les costumes extravagants, jugés incompatibles avec la dignité d’Amir el Mouminine, l’avaient définitivement déconsidéré aux yeux de son peuple. Les dépenses de Moulay Abdelaziz creusèrent le déficit d'un Trésor fragile et aggravèrent les embarras financiers du Makhzen.
Dans l’escarcelle française
La France prenait militairement pied au Maroc grâce notamment aux officiers qu’elle détachait auprès du sultan et qui, à l’exemple du sous-lieutenant algérien Abderrahmane Ben Sedira, donnèrent à plusieurs reprises un coup de main décisif aux troupes chérifiennes.
En avril 1902, le Makhzen avalisa la conquête du Touat, s’attirant de fortes critiques.   
La réforme fiscale qui fut introduite en 1903, et dont le dispositif principal était le tertib, censé remplacer les impôts traditionnels, fut un échec. Le Maroc se trouva dans la situation singulière où ni les anciens impôts ni le tertib n’étaient recouvrés. Le bit-el-mal, qui n’était plus alimenté que par une partie des droits de douane, se vidait inexorablement. Le Makhzen dut recourir à l’emprunt, mettant le doigt dans un cercle vicieux qui allait peu à peu devenir un engrenage fatal.
Poussé par l’Allemagne, Moulay Abdelaziz, demanda la réunion d’une conférence internationale à l’objet d’étudier les réformes à introduire au Maroc. La réunion eut lieu à Algésiras de janvier à avril 1906 et réunit les délégués de plusieurs pays européens ainsi que ceux des États-Unis. La délégation marocaine assista pour la forme. Alors que, dans l’esprit du Makhzen, la conférence était censée lui assurer les ressources qui faisaient cruellement défaut au Trésor, des réformes lui furent imposées dont la mise en œuvre était pour une large part confiée à la France. L’Acte d’Algésiras réaffirmait certes la souveraineté, l’intégrité et l’indépendance du Maroc, mais imposait au sultan des restrictions qui portaient atteinte à son autorité et lui liaient les mains. Le régime de « la porte ouverte » donnait aux puissances signataires un droit de regard sur les affaires intérieures du pays.
L’Acte d’Algésiras souleva dans tout le Maroc une vague de mécontentement contre le sultan Abdelaziz et le Makhzen en général. Les tribus, durement éprouvées par la sécheresse, cessèrent d’obéir aux caïds. Le Makhzen, sans ressources, perdit le contrôle du pays. L’assassinat, en mars 1907 à Marrakech, dans des conditions obscures, d’un médecin français, Emile Mauchamp, mit le feu aux poudres. En réaction, l’armée française d’Algérie occupa Oujda. L’invasion, encore une fois, vint de l’est, de l’Algérie, et non par la mer. En juillet, c’est à Casablanca, où des émeutes et des pillages avaient suivi l’assassinat d’ouvriers européens dans le port, que débarquèrent les militaires français, après avoir bombardé la ville.
Moulay Abdelhafid, frère de Moulay Abdelaziz et khalifa à Marrakech se fit proclamer sultan, avec l’aide et le soutien de quelques grands caïds du sud, dont Madani el Glaoui. Partout, la révolte grondait, la situation échappait des mains d’Abdelaziz, dont la déchéance fut prononcée par les oulémas de Fès en janvier 1908 à l’instigation de Mohamed ben Abdelkébir Kettani. Les mêmes oulémas prêtèrent une allégeance conditionnelle à Moulay Abdelhafid. La France, prudente, évitait de prendre position tout en aidant discrètement le sultan déchu. Moulay Abdelhafid demandait à la France d’être neutre et en appelait, entre son frère et lui, « au jugement de Dieu ». Défait par les troupes de son frère en août 1908 malgré l’aide d’artilleurs français, Abdelaziz alla chercher refuge auprès des Français. Moulay Abdelhafid fut finalement reconnu comme sultan par la France et les autres pays européens, après avoir accepté l’Acte d’Algésiras.
Le nouveau sultan, aussi isolé et discrédité que le fut son frère, se retrouva également sans ressources, obligé de faire des concessions à la France. Plus tard, confronté aux désordres dans sa capitale assiégée par des tribus berbères,  le sultan dut faire appel à l’aide des chrétiens, ceux-là même contre lesquels il avait appelé au jihad.
Après un arrangement entre l’Allemagne et la France, la voie était ouverte pour l’établissement du protectorat français sur le Maroc. Restait à convaincre le sultan et obtenir son adhésion au nouveau régime proposé par le gouvernement français. L’affaire fut rapidement conclue, grâce en grande partie au concours efficace de Kaddour Ben Ghabrit à la fois interprète et conseiller de Moulay Abdelhafid. Le « sultan du jihad », apposa sa signature sur le traité du 30 mars 1912 instaurant le protectorat français sur le Maroc. Le texte était rédigé uniquement en français, langue qu’Abdelhafid ne comprenait pas.
Moulay Youssef fut proclamé à Rabat le lendemain 13 août 1912 par « les Chorfas, les Oulémas et les notables de la ville». Une semaine plus tard, l’ancien sultan Abdelhafid s’installait à Tanger, où il rejoignait dans l’exil son jeune frère Abdelaziz.
La Révolution française et une banale histoire de blé suivie d’un non moins banal « coup de chasse-mouches » ont conduit les Français à occuper l’Algérie puis à étendre leur mainmise sur le Maroc. Les ambitions d’une mère et une « révolution » de palais ont fait le reste. Sans les intrigues de Ba Ahmed, le destin du Maroc aurait-il été autre ? Le Grand vizir, en mettant sur le trône un adolescent, a grandement facilité la tâche à la France.
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* Certains passages sont extraits de mon livre La diplomatie dans le Maroc d’autrefois, Rabat, 2018.

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