Un diplomate s’est éteint
L’Ambassadeur Larbi Reffouh
s’en est allé soudainement, sur la pointe des pieds. Par pudeur naturelle et souci
des autres, il n’aimait pas déranger. Cette discrétion qu’il s’est imposée lui
a sans doute coûté un effort surhumain, lui, qui était de nature expansive. Il
a donc continué à mener une vie normale, sans rien changer à ses habitudes, ou
presque. C’était son choix, et ses amis les plus proches ont respecté sa
décision. Le vide qu’il a laissé n’en est que plus grand.
Larbi Reffouh s’est hissé
tout seul, par ses seules capacités. Il a pu ainsi gravir patiemment les
échelons et assumer de hautes responsabilités. Il fut un des précurseurs, à une
époque où une nouvelle génération arrivait à la diplomatie. Diplomate aguerri
doublé d’un juriste accompli, il a longtemps promené sa grande silhouette dans
les conférences sur le droit de la mer.
De La Havane à New Delhi, il a effectué
un parcours remarquable, servant son pays aux quatre coins de la planète, sans
jamais rechigner. Et s’il lui arrivait, parfois, en privé, de bougonner « Je
suis abonné aux destinations lointaines », il restait digne dans
l’infortune et sa bonne humeur reprenait vite le dessus. Joyeux compagnon, il avait
le rire facile, un bon rire franc et entier. Esprit vif, il n’était jamais à
court de remarques et de répliques. Mais il était foncièrement bon et généreux,
même avec ceux qui ne lui rendaient pas la pareille. A ceux-là, il
réservait simplement ses piques et son ironie. A ses amis, en revanche, Si
Larbi vouait une fidélité sans faille.
Après des études à l’ENAP(cycle
normal puis cycle supérieur) et une licence en sciences politiques, Larbi
Reffouh a rejoint le ministère des affaires étrangères en 1973.
Successivement deuxième secrétaire à
La Havane, premier secrétaire à Brasilia, puis Conseiller à Rome, il a été
nommé Chef de la division des affaires américaines au ministère en 1990.
Ambassadeur au Brésil (et au Paraguay) en 1992, il est directeur des affaires
africaines en 1999. En 2001, il est ambassadeur au Gabon, et en 2006, en
Argentine. De 2011 à 2016, il est
ambassadeur en Inde (également accrédité au Népal, au Bhoutan et aux Iles
Maldives).
Le défunt était décoré du Wissam Al
Arch, du Grand Cordon et Grande Croix du Sud (Brésil) et de la Grande Croix du
Libertador San Martin (Argentine).
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L’ambassadeur Reffouh fait
partie de ces héros de l’ombre qui se sont acquittés de leur devoir sans
chercher à se mettre en avant. Il n’a eu droit ni aux journaux télévisés, ni aux
honneurs. Il méritait pourtant amplement la reconnaissance due aux grands commis
de l’Etat. Des hommages sincères lui ont été rendus par ses proches, ses amis
et ses collègues et une foule compacte l’a accompagné à sa dernière demeure. Nos
plus affectueuses pensées accompagnent sa veuve et ses deux enfants dans ces
moments douloureux.
Ba Larbi est arrivé au
bout du chemin. Mais son rire continuera à résonner à nos oreilles.
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